La Crise du PPA-MTLD en 1954 (Messalistes vs. Centralistes): Comprendre la plus grande crise du mouvement national algérien |
2- Congrès Extraordinaire d'HORNU en Juillet 1954
CONGRES EXTRAORDINAIRE D’HORNU
TENU DU 14 AU 16 JUILLET 1954
Message de Clôture
Monsieur le Président, Messieurs les Congressistes,
Chers Frères,
Bien que loin de vous et privé de la joie d’être parmi vous pour partager vos travaux et votre activité, je vis par la pensée tout le déroulement de ce Congrès auquel j’attache une importance à la fois politique et historique.
Aussi, je voudrais par le présent message qui sera lu en clôture du Congrès, m’associer à cette grande manifestation nationale du Parti pour vous communiquer mes impressions et mes sentiments avant que les assises nationales ne prennent fin. Tout d’abord je voudrais profiter de cet instant si grand et si historique qui a précédé la fin de ce Congrès extraordinaire pour adresser à tous les congressistes mes remerciements les plus chaleureux pour avoir répondu à l’appel du Chef du Parti et offert entièrement votre concours et votre dévouement pour la grandeur du Mouvement National Algérien.
En ce même moment je veux aussi remercier chaleureusement tous les militants qui ont participé à la révolution pour sauver le parti de la mauvaise voie. Ces mêmes remerciements sont également adressés à tout le peuple algérien qui a durant toute cette crise conservé sa confiance et son attachement au Mouvement National malgré toutes les tentatives de division et de travail fractionnel de la bureaucratie.
Personnellement je suis convaincu que les militants, les congressistes de même que le peuple Algérien ont chacun dans son domaine respectif accompli une tâche d’une portée morale et politique extrêmement grande.
L’avenir démontrera grandement que l’action de chaque militant et de chaque congressiste si petite soit elle aura été une œuvre de salubrité publique et de sauvegarde d’un parti politique qui est devenu la raison d’être et l’espoir même de tout le peuple Algérien.
Aussi, cette grande œuvre de redressement à laquelle nous avons participé tous en nous exposant à des injures de la part de la bureaucratie qui après avoir perdu ses privilèges a perdu aussi la raison.
Cette œuvre dis-je n’est pas encore terminée, car maintenant il faut reconstruire et reconstruire du neuf, du solide pour que nous puissions entreprendre la nouvelle étape avec tous les éléments de succès et de grande réussite.
Demain nous allons nous trouver devant une situation toute nouvelle et devant un peuple qui attend de nous des directives susceptibles de satisfaire sa longue attente et ses aspirations nationales. Demain aussi nous aurons à faire face à l’impérialisme français et à d’autres adversités et les uns et les autres sont trop connu de notre parti pour ne rien négliger quand il s’agira de les affronter.
Ce qui se passe en Indochine, aux quatre comptoirs des Indes, au Maroc et en Tunisie nous démontrent combien notre tâche est grande et combien elle est difficile.
Bien qu’aucune difficulté n’ait jamais arrêté le Mouvement National dans sa marche vers l’Indépendance, il faut cependant regarder en face la réalité mondiale pour mieux nous préparer à la lutte libératrice de demain.
C’est à cette grande tâche que je vous convie avant que ne prenne fin ce congrès qui avait pour mission de redresser le Parti et aller toujours de l’avant.
Demain quand vous reviendrez dans vos cellules et dans vos kasmas vous tiendrez compte de toutes ces recommandations et vous n’écouterez pas ceux qui pour des fins personnelles et des privilèges perdus viendront vous chuchotez à l’oreille pour vous détourner de votre mission.
La bureaucratie qui hier encore a conduit la Parti dans la voie de la collaboration avec le colonialisme essayera pour te détourner de ton chemin en se livrant à une démagogie pour gagner ta confiance.
Ces pour toutes ces considérations que les congressistes et les militants devront dès qu’ils auront rejoint leur cellule prendre des précautions aussi bien dedans que dehors.
De toute façon le renforcement du parti se fera de manière à ce que le sommet et la base soient en liaisons permanentes par le canal hiérarchique. Le mauvais passé que nous venons de traverser nous servira d’expérience pour que l’organisation de même que tous les autres services puissent se mettre en mouvement d’une manière harmonieuse afin que tous les militants participent effectivement à la vie du parti.
Personnellement je veillerai d’une façon particulière sur la vie du parti et celle du militant.
Les dirigeants de demain auront pour soucis de mettre en exécution toutes ces recommandations et feront en sorte que toute l’activité du parti soit fraternellement contrôlée, stimulée et conduite avec intelligence et énergie.
La discipline étant la force de tout Mouvement révolutionnaire, celle-ci doit être librement et généreusement consentie. La discipline et le respect dans les responsabilités n’excluent ni le contrôle ni la critique ni la fraternité qui doit harmoniser tous les rapports entre les responsables et les militants.
Devant un impérialisme qui dispose de la force et de tous les moyens d’information, de répression et de corruption, les militants et les responsables sont tenus non seulement d’être discipliné mais encore ils doivent observer une discrétion absolue, un calme de tous les instants et un grand sérieux dans toutes leurs activités.
L’action organisée, la discipline, la sagesse politique, la fermeté, la vigilance de chaque instant, la rapidité, la liaison, le sérieux et l’amour de la tâche entreprise sont les principes absolument indispensables pour réussir dans nos différentes activités.
Chacun à sa place et l’action de tous doit converger vers le même objectif.
Peut être, je me suis un peu éloigné de mon sujet, mais je suis sûr que vous m’excuseriez, car voyez vous ce qui m’a toujours intéressé dans le passé et ce qui m’intéresse davantage aujourd’hui c’est le militant, l’organisation, la discipline et les différents aspects de la lutte que nous devons connaître.
A ce sujet je suis plein d’espoir et plein de projets que je voudrai communiquer aux dirigeants de demain.
Je ne voudrai pas terminer ce Message de clôture sans remercier le Comité de Salut Public qui a rendu des services immenses au Mouvement National Algérien car dès mon premier appel tous ces hommes simples, modestes presque inconnus se sont mis au service du Parti en abandonnant leur travail, leur commerce et leur famille.
Ma gratitude va aussi à toute cette pléiade de jeunes étudiants qui ont abandonné leurs études et leurs examens pour apporter à leurs frères travailleurs leur intelligence, leur savoir et leur dévouement.
D’autre part, je crois de mon devoir de remercier d’une façon particulière El Hadj Belkacem Beidaoui, Sarraoui Mustapha et Si Abderhamanne Belagoune notabilité de notre parti qui ont rendu de grands services au cours de cette crise.
Et pour terminer j’adresse très fraternellement mes remerciements à Moulaye Merbah, Si Ahmed Mézerna, El Hadj Abed, Si Aïssa et à Mamchaoui.
Et à vous tous mes remerciements et ma gratitude pour les services rendus au MOUVEMENT NATIONAL ALGERIEN.
MESSALI Hadj
Fait à Niort, le 11 juillet 1954